Engagement fédéral envers le plan d’action national
Le 10 décembre 2021, le ministère de la Justice a annoncé un financement pour les peuples et organisations autochtones afin de soutenir les consultations menées par les autochtones sur l’élaboration d’un plan d’action national pour la mise en œuvre de la Loi concernant la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Pour plus de détails.
Les Chefs-en-assemblée de l’APN ont adopté une résolution le 9 décembre 2021, dans laquelle ils demandent au gouvernement du Canada de soutenir immédiatement les Premières Nations, en tant que titulaires de droits, dans l’élaboration conjointe du plan d’action national prévu par la Loi dans un délai de deux ans. L’APN continuera de préconiser la participation des Premières Nations à l’élaboration du plan, ainsi qu’à l’examen et à la réforme des lois et des politiques à tous les niveaux de gouvernement.
Historique de la Loi
Pendant de nombreuses années, les Premières Nations ont exercé des pressions pour que la législation fédérale affirme les droits énoncés par la Déclaration des Nations Unies et garantisse leur mise en œuvre aux termes d’un plan d’action élaboré conjointement.
Le projet de loi d’initiative parlementaire de l’ancien député Romeo Saganash visant à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies, le projet de loi C-262, a reçu un vaste appui de la part des Premières Nations et a été adopté par la Chambre des communes en 2018. Les Chefs en Assemblée ont adopté une résolution demandant au Parlement d’adopter le projet de loi C-262.
Lorsque le projet de loi C-262 a été bloqué par des tactiques d’obstruction au Sénat, les Chefs en Assemblée de l’APN ont adopté, en décembre 2019, une résolution demandant un projet de loi gouvernemental reposant sur le projet de loi C-262. La Résolution 86-2019 de l’APN stipule qu’un projet de loi d’application du gouvernement doit être au moins aussi fort que le projet de loi C-262.
Comment le projet de loi C-15 a été élaboré
Des engagements visant à élaborer une telle législation ont été contractés par le Canada dans les discours du Trône de 2019 et 2020. Le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, a déposé le projet de loi C-15 le 3 décembre 2020, après une courte période de consultation à l’automne et au début de l’hiver 2020.
Le projet de loi C-15 s’appuie sur le modèle de mise en œuvre défini dans le projet de loi d’initiative parlementaire de Romeo Saganash. Des discussions sur le projet de loi ont eu lieu lors de l’AGA de l’APN en décembre 2020, ainsi que lors d’un Forum national des dirigeants des Premières Nations de deux jours sur le projet de loi C-15 (les 10 et 11 février 2021). Des centaines de dirigeants des Premières Nations ont examiné de cette importante législation selon divers points de vue.
Le projet de loi C-15 s’appuie sur les fondements du projet de loi C-262, tout en y ajoutant plus de détails, de précisions ainsi qu’un préambule plus solide. L’équipe de conseillers juridiques de l’APN a conclu que le projet de loi C-15 répondait au mandat d’appuyer une loi gouvernementale qui serait au moins aussi solide que le projet de loi C-262. En fait, le projet de loi C-15 est plus solide que l’ancien projet de loi C-262 à plusieurs égards. Les suggestions formulées par l’APN au cours des audiences parlementaires, qui demandaient des modifications répondant aux préoccupations des Premières Nations, ont permis d’obtenir ces améliorations.
Forum national des dirigeants des Premières Nations sur le projet de loi C-15, 10-11 février 2021
La législation fédérale pour mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies constitue un grand pas en avant pour lutter contre le racisme et la discrimination au Canada, 16 juin 2021
Mythes et inexactitudes concernant la mise en œuvre de la Déclaration
« Cette loi visant à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones au Canada peut être une voie vers la réconciliation, guidée par nos droits inhérents et nos droits issus de traités. Sa pleine mise en œuvre fera en sorte que les droits des Premières Nations seront respectés et exercés, et elle est essentielle pour lutter contre toutes les formes de racisme et de discrimination au Canada. »
Les Canadiens appuient largement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
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Dans un sondage réalisé par NANOS pour l’Assemblée des Premières Nations en avril 2020, en pleine pandémie de COVID-19, 80 % des Canadiens ont déclaré que les questions autochtones devaient être une priorité importante pour le gouvernement du Canada.
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Dans le même sondage, deux tiers des Canadiens ont exprimé leur soutien à l’adoption d’une loi fédérale de mise en œuvre.
Résolutions de l’APN
Les Chefs en Assemblée ont adopté de nombreuses résolutions pour appuyer les efforts que déploient toutes les Premières Nations pour assurer la mise en œuvre complète et significative de la Déclaration des Nations Unies.
- Résolution 86-2019 de l’APN : Législation fédérale pour élaborer un cadre de mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
- 97/2017 : Appui au projet de loi C-262, Loi visant à assurer l’harmonie de lois fédérales avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
- 28/2016 : 10e anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
- 128/2016 : Cadre législatif de la Déclaration de l’ONU et interprétation des lois canadiennes.
- 01/2015 : Soutien à la mise en œuvre intégrale des Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.
- 38/2015 : Obligation du Canada d’élaborer avec les peuples autochtones un plan d’action national pour la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
- 37-2007 : Ratification de la Déclaration
À propos de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
La Déclaration des Nations Unies a été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 13 septembre 2007.
La Déclaration visait à combler une lacune importante du système international des droits de la personne en affirmant explicitement un vaste éventail de droits de la personne universels qui, dans la pratique, ont été largement refusés aux peuples autochtones. Il s’agit notamment du droit à l’autodétermination et des droits collectifs concernant les terres, les territoires et les ressources, la culture et l’identité.
La Déclaration revêt une importance particulière parce que des peuples autochtones ont participé activement à sa rédaction. Il s’agissait notamment de dirigeants des Premières Nations et de défenseurs des intérêts de la base.
La Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a qualifié la Déclaration de « cadre de la réconciliation ». Le Canada a adhéré à tous les Appels à l’action de la CVR. Tant la CVR que l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées ont demandé au Canada de mettre en œuvre la Déclaration en adoptant des lois, des politiques et des mesures. Les États et les peuples autochtones du monde entier ont travaillé ensemble pendant des décennies pour parvenir à ce succès. Les Premières Nations ont joué un rôle clé. Nombre de nos membres sont reconnus mondialement comme des experts en droit international.
La Déclaration des Nations Unies ne crée pas de nouveaux droits. Elle affirme les droits préexistants ou inhérents des peuples autochtones. Ces droits de la personne comprennent le droit collectif à l’autodétermination. La Déclaration des Nations Unies définit les normes minimales nécessaires pour faire respecter ces droits et garantir « la dignité, la survie et le bien-être » des peuples autochtones du monde entier.
Le Canada est maintenant partie à de nombreuses résolutions consensuelles des Nations Unies affirmant la Déclaration des Nations Unies et appelant les États à travailler avec les peuples autochtones pour établir des plans d’action nationaux et d’autres mesures visant à appuyer la mise en œuvre.
Fournir un cadre pour la réconciliation
En outre, l’Appel à l’action 43 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) demande aux gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux d’adopter et de mettre en œuvre intégralement la Déclaration des Nations Unies en tant que cadre de réconciliation. L’Appel à l’action 44 demande au Canada d’élaborer un plan d’action national et d’autres mesures pour appuyer la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies. Le gouvernement fédéral a exprimé son soutien aux 94 Appels à l’action de la CVR.
L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a également appelé à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies dans le cadre d’une réponse fondée sur les droits à l’horrible violence perpétrée contre les femmes, les filles et les personnes bispirituelles des Premières Nations.
Chaque jour, les Premières Nations exercent les droits affirmés dans la Déclaration des Nations Unies, notamment le droit à l’autodétermination. Les Premières Nations font aussi fréquemment référence à la Déclaration des Nations Unies dans leurs prises de décision, leurs déclarations stratégiques et dans l’exercice de leurs droits inhérents et issus de traités.
La Déclaration des Nations Unies a déjà un effet juridique au Canada. L’APN a utilisé la Déclaration des Nations Unies dans le cadre de litiges afin de s’assurer que les lois nationales soient interprétées conformément aux dispositions de la Déclaration. Dans des affaires importantes concernant des enjeux tels que les services aux Premières Nations, les cours et tribunaux canadiens ont examiné les obligations constitutionnelles du Canada et l’interprétation d’autres lois nationales à travers le prisme de la Déclaration des Nations Unies.
« L’adoption du projet de loi C-15, maintenant la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, signifie que nous disposons maintenant d’un processus selon lequel les lois et les politiques doivent être modifiées afin que les droits des Premières Nations soient respectés et mis en œuvre. Les Premières Nations détermineront leurs propres priorités et la façon dont elles souhaitent travailler avec le Canada. Et j’exhorte tous les gouvernements du Canada à travailler afin de veiller à la pleine mise en œuvre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. »
Ressources documentaires
- Guide d’information et de discussion sur le projet de loi C-15
- La Déclaration des Nations Unies et le rapport “In Plain Sight” : Addressing Indigenous-Specific Racism and Discrimination in B.C. Health Care (source externe : Indian Residential School History and Dialogue Centre, UBC)
- Projet de loi C-15 (projet de loi en 1ère lecture)
- Document d’information sur le projet de loi C-15
- C-15 – FAQ
- Mythes et inexactitudes
- La Déclaration des Nations Unies et l’intégrité territoriale
- Document de l’APN sur la mise en oeuvre de la Déclaration
- Projet de loi C-15 – Importance juridique du préambule
- Clause de dérogation du projet de loi C-15 – Brève analyse
- Projet de loi C-15 – Développement durable et changement climatique
- Bulletin du Chef national – Dépôt fédéral du projet de loi C-15 (3 décembre 2020)
- Projet de loi C-15 (français – anglais)
- Bulletin du Chef national – Processus de dialogue fédéral 2020 (16 novembre 2020)
- Notes d’allocution du Chef national Perry Bellegarde – Vidéoconférence de la table ad hoc des ministres fédéraux-provinciaux-territoriaux et des dirigeants ministres fédéraux-provinciaux-territoriaux et des dirigeants autochtones – Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
- Bulletin du Chef national du 22 septembre – Processus fédéral de mobilisation pour 2020
- Calendrier des séances fédérales de mobilisation sur la Déclaration des Nations Unies (en date du 12 novembre 2020)
- Mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones – Mythes et inexactitudes
- Document de référence de l’APN : Introduction à la Déclaration des Nations Unies
- Document de référence de l’APN : Mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies
- Présentation au Comité permanent des affaires autochtones et du Nord (INAN) sur le projet de loi C-262
- Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (format brochure)
- Paul Joffe. Autodétermination et intégrité territoriale, 2020
- Fiche d’information sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (mise à jour en juin 2018)
- Fiche d’information sur le consentement libre, préalable et éclairé
« Pour faire avancer la réconciliation, il faut harmoniser le droit et les politiques du Canada avec le droit international en matière de droits de la personne, qui a condamné les doctrines de supériorité, notamment de la découverte et de la terra nullius, comme étant coloniales et racistes. Pourtant, les présupposés et les conséquences racistes de ces doctrines perdurent dans certains aspects du droit et des politiques du Canada. Ils sont évidents dans les hypothèses sous jacentes qui supposent que les Premières Nations sont des « demandeurs » sur leurs propres terres et qui traitent les Premières Nations comme étant en quelque sorte dépourvues de souveraineté. Les hypothèses et les répercussions de ces doctrines racistes doivent être déracinées. Pour aller de l’avant, le Canada devra reconnaître la vérité de notre souveraineté préexistante et continue en tant que peuples autodéterminés. »
Commentaires sur la mise en œuvre de la Déclaration
- Le Chef national Bellegarde : « Un vote pour le projet de loi C-262 est un vote pour la réconciliation et les droits de la personne ».
- Le Chef national de l’APN exhorte le Canada à adopter une loi sur la DNUDPA
- Le Chef national Bellegarde : La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et le CPLE : Le Canada est en retard dans la mise en œuvre
- Les Grands Chefs Littlechild et John : Dix ans plus tard – nous avons besoin de collaboration pour tenir la promesse de la Déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones
- Joffe et Lightfoot : Un cadre législatif est essentiel pour la Déclaration des Nations Unies
- « Le Chef national de l’APN, Perry Bellegarde, se félicite du soutien du gouvernement au projet de loi C-262 visant à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones » (Indian Time, le 30 novembre 2017)
- Déclaration – « Des progrès sont en cours » – L’organisme canadien de surveillance des droits de la personne réagit à l’annonce du gouvernement de soutenir la pleine mise en œuvre de la DNUDPA
- Douglas White : Les droits des Autochtones ne sont pas à craindre
- Roshan Danesh : « La rhétorique compte lorsqu’on discute du rôle des Premières Nations dans les décisions relatives aux ressources »

« La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones est le cadre de réconciliation à tous les niveaux dans tous les secteurs de la société canadienne » (Principes de réconciliation, Commission de vérité et réconciliation du Canada)