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Assemblée des Premières Nations Chef national Perry Bellegarde – Discours d’ouverture Assemblée générale annuelle de l’APN

Publié : 25 juil., 2017Nouvelles

Le 25 juillet 2017

Chers amis et parents, bienvenue à tous!

Je rends hommage aux aînés et je les remercie pour la cérémonie du calumet de ce matin, par laquelle ils se sont unis au Créateur en notre nom.

Je reconnais que nous sommes dans le territoire du Traité no 4.

Je remercie le groupe de joueurs de tambour, les Whitefish Juniors, de chanter nos beaux chants. Merci beaucoup d’être ici avec nous.

Je salue la présence des Chefs régionaux ainsi que d’Elmer Courchene, président du Conseil des aînés et de la Chef Denise Stonefish, présidente du Conseil des femmes, et je les remercie de leur travail. Je tiens à remercier les coprésidents sortants du Conseil des jeunes, Andre Bear et Jennifer Obamsawin, et je félicite les nouveaux coprésidents élus du Conseil des jeunes, Cheyenne Fineday et Mark Hill; je leur souhaite la bienvenue ainsi qu’à tous les membres des conseils de l’Assemblée des Premières Nations.

Cela me fait plaisir d’être chez moi en Saskatchewan. J’ai grandi à Little Black Bear, à environ une heure et demie d’ici, près de Fort Qu’appelle, sur le territoire où les Chefs du Traité no 4 se sont réunis avec les représentants de la Couronne. Et ce territoire, ce lieu sacré est toujours là. Quel bonheur d’être ici avec vous sur le territoire du Traité no 4!

Le thème de notre assemblée en est un qui occupe nos cœurs et nos esprits quotidiennement : « Notre priorité : nos enfants, notre avenir ». C’est la raison pour laquelle nous faisons ce que nous faisons chaque jour.

Nous voulons améliorer la vie de nos enfants et créer un monde où il y a un meilleur avenir et où nous ne devons pas nous battre tous les jours pour faire respecter nos droits humains, nos droits ancestraux, nos droits collectifs et nos droits issus de traités.

Notre Assemblée générale annuelle est toujours l’occasion de regarder les progrès que nous avons faits et de parler du travail qu’il nous reste à faire.
Au cours des dernières semaines j’ai passé beaucoup de temps à penser à ce que je voulais dire. Et il a été plus difficile que d’habitude d’exprimer ma pensée par des mots et de trouver les mots justes.

D’une certaine manière nous avons fait beaucoup de progrès au cours de l’année qui vient de s’écouler, mais il est également évident que nous avons encore beaucoup de défis à relever.

Je veux parler des progrès que nous avons réalisés et cela me prendra quelques minutes. Mais je tiens tout d’abord à souligner que nos pensées sont avec les nombreuses personnes qui ont été déplacées à cause des incendies en Colombie-Britannique. La bande indienne d’Ashcroft a vu toutes ses maisons brûler. J’exhorte les gouvernements du pays à s’occuper de cette nouvelle situation urgente.

Je vois des gens qui continuent à faire face à des difficultés lorsqu’ils essayent de changer les choses comme, par exemple, à Halifax où un groupe a essayé d’intimider des personnes au cours d’une manifestation pacifique organisée en opposition au maintien de la statue d’un homme ayant participé au génocide des Micmacs.

Je tiens à mentionner des noms que nous avons tous à l’esprit et dont je veux qu’on se souvienne lorsque nous travaillerons ensemble au cours des prochains jours et pendant l’année qui commence.

N’oublions pas des noms comme celui de Barbara Kentner, la jeune mère de Thunder Bay qui, alors qu’elle se promenait avec sa sœur, a été attaquée par quelqu’un qui, dans un geste de haine, lui a lancé une boule d’attelage de remorque.

Colton Boushie, un jeune homme d’à peine 22 ans, au début de sa vie d’adulte, sorti en balade pour une journée avec ses amis, a perdu la vie en allant demander de l’aide pour remplacer un pneu plat. Et nous nous souvenons tous comment les accusations portées contre le tueur a soulevé une horrible vague de messages racistes et haineux sur les réseaux sociaux.
Un autre nom est celui de Tammy Keeash, âgée de 17 ans, retrouvée morte il y a quelques semaines dans une rivière de Thunder Bay, un accident qui se produit avec une effrayante régularité dans cette communauté où plusieurs enfants des Premières Nations se sont noyés et où les familles attendent encore des réponses.

L’omniprésence du racisme et de la violence est très préoccupante.

Le 12 juillet, j’ai parcouru les rues du secteur North End de Winnipeg avec la patrouille Bear Clan, qui sillonne les rues le soir afin d’assurer la sécurité des gens et de leur quartier.
Il est triste de constater qu’il existe un problème de sécurité pour nos enfants et nos familles en de nombreux endroits.

Par conséquent, tout en nous efforçant de progresser dans plusieurs dossiers importants comme ceux de la salubrité de l’eau, de l’amélioration du logement, de l’éducation et de la santé, des droits ancestraux et issus de traités, de la conservation et de la revitalisation de nos langues, et de travailler sur de nombreux autres fronts importants, nous devons également mettre fin à ces terribles pertes de vie.

Je travaille à titre de Chef et, comme vous tous, je sais que nous sommes élus par nos gens pour défendre les droits de nos enfants et ceux des générations futures.

Tout enfant a le droit de vivre dans un foyer sécuritaire et sain, de grandir dans une société où il est traité avec dignité et respect et d’avoir les mêmes possibilités que les autres enfants.

Mon premier message ce matin s’adresse donc au Canada. Il faut que cessent le racisme, la discrimination et la pauvreté. Ces problèmes ne concernent pas seulement les Premières Nations.

Le racisme tue.

C’est aussi simple et tragique que cela. Il faut y mettre fin. Il est temps d’agir.

Ce sont des problèmes du Canada et nous devons travailler ensemble pour les résoudre. Nous devons jeter des ponts et trouver des solutions.

Les temps sont très difficiles pour nous en tant que dirigeants. Nous sommes témoins d’actes de racisme et de violence alarmants.

Et en même temps, nous sommes sur le point de voir des changements positifs sur certains fronts. L’engagement à changer les choses est important. Et nous devons voir l’engagement mener à l’action. Et l’action est ce qui importe pour nos peuples.

D’une certaine façon, nous sommes sur la bonne voie.

La preuve en est, entre autres, que nous avons maintenant un processus qui nous permet de rencontrer régulièrement les membres du Cabinet fédéral, y compris le premier ministre, afin de discuter des priorités des Premières Nations et de les évaluer, de planifier l’avenir et de faire des investissements adéquats.

Le Protocole d’entente entre l’Assemblée des Premières Nations et le Canada sur des priorités conjointes, que j’ai signé avec le premier ministre le 12 juin, fait partie de ce travail. Il souligne notre engagement à communiquer régulièrement avec les principaux décideurs et législateurs fédéraux afin que nous puissions apporter les changements nécessaires au respect des droits inhérents, des droits autochtones et des droits issus de traités.

Les réunions avec le Cabinet fédéral serviront à déterminer les enjeux essentiels et à trouver des solutions aux obstacles auxquels sont confrontés nos peuples.

Au cours de l’année qui s’est écoulée, nous avons aussi travaillé fort à l’établissement d’un processus conjoint d’examen des lois et des politiques fédérales pour nous assurer qu’elles respectent les droits des Premières Nations. Pour réaliser pleinement les droits issus des traités et les droits ancestraux des Premières Nations ainsi que leur titre autochtone et leur compétence (et nous ferons tout pour que cela se produise), il faudra réécrire les lois du Canada, rédigées pendant des décennies pour nous priver de nos droits.

Les lois C-38, C-45, C-51, C-27 et autres n’ont pas été écrites pour faire reconnaître nos droits et notre titre, mais sont plutôt axées sur leur extinction. Elles doivent changer. Les érudits, les aînés, les experts en politique publique et les meilleurs esprits juridiques des Premières Nations doivent faire partie de ce processus.

Ce sont nos concitoyens qui écriront les lois qui régiront nos propres Nations et nous devons aider le Canada à réviser les lois, les politiques et les procédures qui sont en conflit avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et avec la propre Constitution du Canada, notamment avec l’article 35, qui reconnaît les droits autochtones existants et les droits issus de traités.

Il y a un peu plus d’une semaine, la ministre Wilson-Raybould a publié ses dix principes destinés à guider ce travail et nous sommes en train de les évaluer et de les analyser. Nous la félicitons pour ce document qui constitue une approche pangouvernementale. Nous voulons nous assurer que le travail de révision des lois sera un processus conjoint respectueux.

En plus de la révision des lois, il doit y avoir un processus distinct et tout aussi important de réécriture des politiques, notamment de la politique sur les revendications particulières, de la politique sur les revendications globales, de la politique sur les ajouts aux réserves et de la politique sur le droit inhérent à l’autonomie gouvernementale.

Toutes ces politiques sont basées sur l’extinction des droits et du titre et non pas sur leur reconnaissance. Il doit y avoir un processus et un plan pour que le travail de changement des politiques puisse se produire et ce travail, nous devons le faire ensemble.

Cette année, l’Assemblée des Premières Nations a fait un autre gros effort avant la présentation du budget fédéral. Nous avons rencontré le Soniyaw Okimaw, le « grand Chef argentier », le ministre des Finances. Chaque année, nous défendons les intérêts des Premières Nations pendant notre réunion avec Bill Morneau. C’est lui qui est responsable du budget fédéral. Mais le ministre Morneau rencontre en même temps tous les autres ministres pour discuter du budget de chacun. Nous les rencontrons donc également.

Nous avons rencontré la ministre Bennett pour parler d’investissements dans l’éducation, dans le logement, dans l’assainissement des eaux et dans l’exploitation et l’entretien des installations. Ensuite, nous avons rencontré Mme Philpott, ministre de la Santé, et nous lui avons posé des questions sur ses priorités : la santé mentale, les services de santé non assurés, le transport médical. Puis il y a eu Mme Hajdu, ministre de l’Emploi, du Développement de la main d’œuvre et du Travail à propos de la garde d’enfants dans les réserves et d’autres programmes. En ce qui concerne les services de police et d’urgence, nous avons rencontré le ministre Ralph Goodale. Et pour la question des langues, nous avons parlé à Mme Joly.

Ce qui importe, c’est de persuader le grand Chef argentier, qui élabore le budget.

Cette année, le budget a prévu, en plus des 8,4 milliards de dollars du budget de 2016, 3,4 milliards de dollars étalés sur cinq ans pour répondre aux priorités des peuples autochtones et réduire l’écart socioéconomique des Premières Nations. Jusqu’à présent, cela fait un total de 11,6 milliards de dollars.

Les engagements budgétaires sont une mesure importante du progrès. Mais seuls, ils ne sont pas suffisants.

C’est pourquoi le Comité des Chefs sur les relations financières a travaillé tellement fort au cours de l’année passée pour établir des possibilités que les Premières Nations doivent envisager pour la création de nouvelles relations financières avec le gouvernement fédéral en vue d’obtenir un financement à long terme, prévisible et durable.

Il est tout simplement inacceptable d’attendre le milieu de l’exercice financier pour affecter les fonds et de les récupérer ensuite à la fin de l’exercice malgré les besoins urgents de nos peuples. Voilà pourquoi nous insistons pour que des changements soient apportés au système et que les ressources soient affectées aux Premières Nations, en temps et lieu.

J’ai le plaisir de vous dire que ce matin, une annonce sera faite avec la ministre Carolyn Bennett. Vous apprendrez comment les choses peuvent progresser d’un exercice financier à l’autre.

Nous travaillons également à la politique d’AANC en matière d’exploitation et de maintenance. Le gouvernement fédéral ne finance qu’une partie des coûts estimés des services gouvernementaux essentiels comme les services de protection contre les incendies et les services d’urgence, le traitement des eaux et l’approvisionnement en eau potable, ce qui force les Premières Nations à trouver le reste du financement ou à s’en passer.

C’est une politique épouvantable qui comporte de terribles risques. Nous le savons. AANC le sait. Mais nous avons maintenant une entente pour régler ce problème. C’est un autre pas important dans la bonne direction.

Nous continuerons à travailler pour nos enfants, nos familles et tous nos citoyens. Et j’utilise le terme de citoyen délibérément. Nous voulons reconstruire nos nations et cela veut dire qu’il faut abandonner le concept colonial de « membres » des Premières Nations pour adopter celui de « citoyens ». La citoyenneté est un autre domaine qui a reçu beaucoup d’attention au cours des derniers mois. Vous avez sûrement entendu parler de l’affaire Descheneaux.

En mai, le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones a entendu des témoignages sur le projet de loi S-3, Loi modifiant la Loi sur les Indiens (élimination des iniquités fondées sur le sexe en matière d’inscription).

L’Assemblée des Premières Nations a été très claire en indiquant qu’elle appuyait l’élimination de toutes formes de discrimination concernant le statut d’Indien et l’appartenance à une bande.

M’adressant au comité sénatorial, j’ai parlé du besoin de ressources financières supplémentaires devant nous permettre de fournir des services essentiels aux nouveaux inscrits. Il nous faudra plus d’argent dans le cadre du Programme des soins de santé non assurés et du Programme d’aide aux étudiants de niveau postsecondaire d’AANC. J’ai également parlé du besoin de terres de réserve supplémentaires en raison du nombre accru de nouveaux citoyens. Enfin, j’ai prôné le principe de l’autorité des Premières Nations sur leur citoyenneté et leur identité.

La citoyenneté joue un rôle essentiel dans la gouvernance et l’identité d’une nation.

Vous me l’avez déjà entendu dire : nous ne devons pas attendre que le gouvernement agisse. Nous pouvons occuper ce champ de compétence, créer nos propres lois dans ce domaine et exercer notre pouvoir en matière de citoyenneté.

L’Assemblée des Premières Nations est ici pour vous appuyer. Nous avons produit un modèle de loi sur la citoyenneté, que les gouvernements des Premières Nations peuvent utiliser et adapter en fonction de leurs besoins.

Nous savons que si nous gardons le statut d’Indien en vertu de la Loi sur les Indiens il n’y aura plus d’Indiens inscrits dans 50 ans. C’est pourquoi nous devons sortir du cadre de cette loi.

Un autre domaine sur lequel nous nous sommes concentrés est celui du bien-être de l’enfance et des services aux familles.

Depuis 2007, l’Assemblée des Premières Nations fournit des fonds et des conseils juridiques pour le règlement d’une plainte déposée auprès du Tribunal canadien des droits de la personne. En collaboration avec la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations, nous continuons à nous battre pour mettre fin à la discrimination raciale exercée à l’égard de nos enfants et pour faire respecter le principe de Jordan.

Cette année marque le dixième anniversaire de cette plainte portée devant le Tribunal.

En mai, le Tribunal a estimé que le gouvernement avait une vision trop étroite dans l’application du Principe de Jordan. Il a réaffirmé que le Principe s’appliquait à tous les enfants des Premières Nations ayant besoin de soins, quel que soit leur lieu de résidence et il a établi des directives auxquelles le Canada doit se conformer et des échéances qu’il doit respecter pour ce faire.

Nous avons finalement obtenu gain de cause dans cette affaire, mais il est déplorable que nous ayons dû aller au Tribunal pour prouver que nos enfants étaient victimes de discrimination.

Et il est inconcevable et inacceptable que, malgré la décision du Tribunal et trois ordonnances d’exécution en notre faveur, le Canada n’ait toujours pas obtempéré. Il traîne les pieds en ce qui concerne la question des champs de compétence et n’a pas reconnu que les Premières Nations sont les mieux placées pour savoir ce dont nos enfants ont besoin pour s’épanouir.

La solution se trouve finalement dans la réaffirmation du pouvoir des Premières Nations sur les services d’aide à l’enfance et de leur compétence en ce qui concerne leurs enfants, quel que soit leur lieu de résidence.

En ce qui concerne la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, le Canada a exprimé son engagement inconditionnel à cet égard en 2016. Mais les déclarations faites par le gouvernement précédent en 2014 indiquant ses objections à l’égard du consentement libre, préalable et éclairé étaient toujours dans les dossiers.

Au mois de mai de cette année, à notre demande, la ministre des Affaires autochtones et du Nord, Carolyn Bennett, a officiellement inscrit le Canada aux Nations Unies comme étant pleinement engagé envers la norme de consentement libre, préalable et éclairé exprimée dans la Déclaration des Nations Unies.

Sa déclaration a été bien accueillie. La prochaine étape consiste à travailler ensemble à l’établissement d’un plan d’action national pour la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies, notamment par l’élaboration conjointe d’un cadre législatif destiné à favoriser l’application totale de la Déclaration.

Un autre domaine important est celui des langues. L’Assemblée des Premières Nations a fait pression sur le premier ministre et ses collègues du gouvernement pour qu’ils prennent des mesures concernant les résolutions de l’APN et les Appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) qui demandent une loi fédérale qui assurerait une base de financement stable pour la restauration, la revitalisation, la protection et le maintien des langues autochtones. J’ai toujours dit que nos langues devaient être considérées comme des trésors nationaux du Canada.

Le mois passé, j’ai participé à une annonce conjointe avec la ministre fédérale du Patrimoine canadien, l’honorable Mélanie Joly, concernant l’élaboration conjointe d’une loi sur les langues autochtones. Nous travaillerons en collaboration avec son ministère et nous insisterons pour que la loi reconnaisse le statut spécial des langues des Premières Nations à titre de langues d’origine des terres de notre pays.

Il y a plus de 58 langues autochtones distinctes et aucune n’est considérée comme étant en sécurité.

La reconnaissance, la promotion et la restauration des langues des Premières Nations sont essentielles à l’autodétermination. Les langues sont essentielles aux cultures de nos nations et sont inscrites au cœur de nos chansons, de nos histoires et de nos cérémonies.

Les langues jouent un rôle vital dans notre droit à l’autodétermination. En tant que peuples autochtones, nous avons nos propres terres, nos propres lois, nos propres langues, nos propres citoyens et nos propres formes de gouvernement, cinq éléments qui sont reconnus internationalement pour le droit à l’autodétermination.

Nos langues sont fondamentales dans l’autodétermination. Lorsque qu’on vous demande pourquoi nous avons besoin d’une loi sur les langues, il faut répondre que nous avons besoin d’une loi qui exige un financement pour revitaliser et préserver nos langues. Ce financement doit être obligatoire et ne peut être abandonné pour un caprice.

Nous travaillons pour que la loi soit rédigée et présentée au Parlement l’année prochaine et adoptée par le Parlement avant les prochaines élections fédérales. Et nous réussirons!

Je voudrais parler maintenant de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Des familles qui sont dans l’attente depuis des décennies attendent toujours. Nous partageons leurs préoccupations.

L’Assemblée des Premières Nations a offert son aide à l’Enquête à plusieurs reprises parce que le travail est tellement important et que nous voulons que cette enquête soit une réussite pour les familles. Nous avons invité les commissaires à s’adresser à cette assemblée et nous sommes heureux que deux d’entre eux, Michèle Audette et Brian Eyolfson, puissent se joindre à nous.

Nous voulions les inviter ici parce que beaucoup de personnes parmi vous – femmes, chefs, aînés et jeunes – sont directement concernées par cette enquête. Trop de personnes ont perdu des êtres chers : grands-mères, mères, tantes, sœurs, cousines, amies. L’Enquête n’est pas simplement une affaire de politique pour nous; elle touche nos familles.

Nous devons appuyer le travail des commissaires et de leur personnel. Nous devons prier avec eux, les soutenir, les aider. Et il n’y a pas de moyen plus puissant que nos prières et nos cérémonies pour les aider.

Oui, nous voulons nous assurer que les familles ne sont pas oubliées. Les familles doivent être au premier plan et au centre du processus. Oui, nous voulons contribuer à améliorer les communications. Et c’est pour cela que les commissaires sont ici.

Le travail de l’enquête est tellement important. Il faut que cette enquête soit une réussite et nous continuerons à y apporter notre soutien.

Agir, voilà notre mot d’ordre, notre objectif.

Nous voulons que des actions soient entreprises dans tous les dossiers qui touchent les droits ou le bien-être des Premières Nations, qu’il s’agisse des langues, de l’environnement, des changements climatiques, du logement, des soins de santé, du traitement des eaux, de l’éducation, de la santé mentale, de la justice, des services de police, des services de prévention des incendies, des droits des Premières Nations.

Avant de conclure, je voudrais retourner à notre thème « Notre priorité : nos enfants ».

Je ne peux ouvrir cette assemblée sans parler des pertes que nous avons tous pleurées lorsque des jeunes ont choisi de mettre fin eux-mêmes à leur vie.

Nous pleurons et nous sommes en colère lorsque les statistiques nous apprennent que la principale cause de décès pour une personne des Premières Nations âgée de moins de 44 ans est le suicide. Je ne pense pas qu’il y ait qui que ce soit parmi nous qui ait totalement échappé au choc de la perte d’un être cher, d’un parent, d’un ami ou d’une connaissance par le suicide.

Nous savons que les solutions doivent venir de nos nations elles-mêmes.

En tant que dirigeants, nous ne pouvons pas avoir peur de parler de ce qui arrive à nos enfants et à nos familles. Nous n’en connaissons que trop bien les causes.

Les effets intergénérationnels des pensionnats indiens, la colonisation et la perte de contrôle de nos gouvernements et de nos vies, la violence latérale, la dépression, l’abus de drogues pour anesthésier la douleur, la perte, les sévices physiques, sexuels, émotionnels, l’inceste…

Les mots sont horribles, mais ne nous ne pouvons pas avoir peur d’en parler. Et nous ne pouvons pas avoir peur d’écouter quelqu’un qui les utilise.

Nous devons créer des endroits sécuritaires pour ceux qui veulent se libérer des abus commis à l’école, dans la communauté ou dans le milieu familial.

Nos enfants payent de leur vie des décennies de violation des droits de la personne, d’oppression, de négligence et d’abus, de perte de culture, de perte de langues, de perte d’espoir.

Nous demandons au gouvernement fédéral de travailler en plus étroite collaboration avec les Premières Nations et avec les dirigeants des Premières Nations à une recherche de solutions menée par les Premières Nations, non seulement sur le plan du soutien à la santé mentale mais aussi en matière d’infrastructures et de services communautaires de telle sorte que nos enfants et nos jeunes vivent dans des endroits dont ils sont fiers et où ils peuvent être ce qu’ils sont.

En tant que dirigeants, nous pouvons rassembler les gens. Et nous pouvons aider à favoriser la guérison pour nous-mêmes, pour nos enfants et pour les générations futures en mettant les jeunes en contact avec leurs langues, leurs cultures et leurs cérémonies et en les faisant retourner à la terre.

Et pour nos jeunes, vous avez de l’importance. Vous êtes aimés. Vous êtes importants. Vous êtes spéciaux et vous avez des dons que le Créateur vous a donnés.

Tous les jeunes ont besoin d’espoir. Et j’ai été témoin de cet espoir la semaine passée, aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord. Les jeunes remplis d’énergie et de fierté ont non seulement montré leurs talents dans les sports, la culture et les loisirs, mais ont aussi noué des relations. Plus de 5 000 athlètes ont exprimé leur fierté de jeunes des Premières Nations.

Je félicite les chefs de mission, les organisateurs, les nations hôtes, les parents et plus particulièrement les jeunes qui ont représenté avec honneur et dignité leurs Premières Nations dans le sport et l’amitié. Et je félicite le territoire qui a gagné les Jeux : la Colombie-Britannique.

Cet événement fut une démonstration de la force et de l’endurance des Autochtones qui a captivé le continent.

Pour conclure, je mentionnerai l’anniversaire que le Canada a célébré il y a quelques semaines. Nous y avons participé à titre de peuples des Premières Nations, pas tellement pour célébrer l’anniversaire, mais plutôt pour reconnaître que, malgré le génocide des pensionnats indiens, malgré la colonisation, l’oppression et le contrôle de la Loi sur les Indiens, nous sommes toujours ici en tant qu’Autochtones.

Et nous devenons de plus en plus forts.

Et dans ce qui est actuellement le Canada, la meilleure histoire reste encore à écrire. Ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui écriront l’histoire des 150 prochaines années.

Je me réjouis d’échanger avec vous pendant cette assemblée.

J’apprécie votre sagesse et vos conseils.
Kinanāskomitin.